Bonjour à vous qui avez pris la peine de laisser un commentaire sur la restauration du Château de Hautsegur suite au reportage diffusé par France TV dans le cadre de l’émission des Racines et Des Ailes.
Je me permets de faire cette publication car je ne peux répondre aux milliers de messages sur les réseaux, sur ma boite personnelle, sur mon téléphone, j’en suis bien désolée croyez-moi.
Bon nombre d’entre vous se posent des questions, je vais essayer de faire court pour y répondre, mais il est difficile de résumer en quelques lignes 15 années de restauration.
Je tiens tout d’abord à encourager ceux qui rêvent de restaurer notre patrimoine, même s’ils n’en ont pas les moyens, et ceux qui ont entrepris de le faire et qui ont des difficultés à trouver des financements.
Quand le château a été mis sur ma route, je disposais de 50 000 euros sur un plan d’Epargne Logement et je possédais une ferme sur le plateau ardéchois, demeure que j’avais restaurée en grande partie moi-même, et, signe du Ciel, voilà qu’une partie du château m’est proposée pour 50 000€ ! ; ce dernier se situait à une trentaine de minutes de ma demeure, je n’ai pas réfléchi 3h, même si cette première partie ne me rendait propriétaire que d’un tiers du château et de l’escalier en vis sans droit de passage, le compromis était lancé (fin 2009) ! En Juillet 2010 j’achète la 2ème partie de cet édifice, comment ? alors que je n’avais plus de fonds disponibles … eh bien plusieurs amis m’ont prêté de l’argent et n’ayant jamais eu de dettes dans ma vie, j’ai immédiatement mis ma maison en vente pour rembourser prioritairement mes dettes, acheter ensuite la 3ème et dernière partie de l’édifice le 12.12.2012, (il y avait 3 propriétaires) et lancer les travaux de rénovation de la toiture.
J’ai bénéficié de subventions : seulement 15% de la DRAC (Direction Régionale Des Affaires Culturelles) au tout début et ce pour les huisseries ; il fallait que je fasse mes preuves, ça se comprend ! Par la suite, voyant la qualité de la restauration et mon investissement, la DRAC est passée à 25%, 2 ans plus tard le Département a commencé à financer à hauteur de 15% et a fini par suivre la Drac à hauteur de 25% l’année suivante ; la Région a participé seulement 4 années et à hauteur de 15%. Faites les comptes…on arrive à 65%, le reste, investissement personnel, j’ai vendu TOUS mes biens (bibelots, collections, meubles, bref tout ce qu’il y avait dans ma maison, j’avais stocké au château) tout cela prend un temps FOU, faire des photos, mettre les annonces, répondre aux questions, emballer, poster…
J’ai gagné de nombreux concours dotés (voir la liste sur le site du château), là aussi, la constitution des dossiers prend du temps, comme ceux pour les demandes de subventions…
Sur les conseils d’un ami inspecteur des impôts, j’ai proposé des « avances sur futures prestations » pour la location des futures chambres d’hôtes, avances que j’ai déclarées bien entendu et que je vais donc devoir rendre prochainement.
En 2014 j’arrive à obtenir une convention de mécénat qui permet aux donateurs de défiscaliser, j’ai cru que j’allais pouvoir enfin souffler, mais NON, douche très froide, les mécènes, ça ne tombe pas du Ciel, il faut aller les chercher… et voilà que je reprends mon sac à dos. A savoir que la convention m’autorisait à trouver des mécènes pour financer les 35% qui restaient.
Dès le début j’ai cherché des entreprises partenaires pour obtenir des tarifs préférentiels et/ou la gratuité des matériaux, j’en ai trouvé ! certaines sont en lien sur le site du château, d’autres ne préfèrent pas y figurer afin de ne pas être trop sollicitées. Pour info, je n’ai acheté AUCUN sac de chaux ; A ces entreprises, j’ai proposé en retour une belle publicité sur le site internet du château et à Hautsegur même.
J’ai rénové prioritairement la salle de réception afin d’organiser des expositions et animations diverses, bon nombre d’artistes peintres m’ont offert des œuvres, des concerts ont été donnés pour m’aider, etc.
Dès le début, j’ai ouvert le château à la visite, les curistes venant en cure à NEYRAC, ont été les premiers visiteurs, bon nombre m’ont soutenue et me soutiennent encore aujourd’hui ; certains sont devenus des mécènes, d’autres m’apportaient à manger pour me faciliter la vie, leurs encouragements m’ont réchauffé le cœur. Des amis m’ont lavé mon linge, m’apportaient à manger ; sans ressource les premières années, je ne crains pas de dire que je n’ai pas toujours mangé à ma faim et vécu dans le froid pendant 2 hivers jusqu’à ce que des amis s’en aperçoivent ainsi que des voisins qui m’ont prêté leur résidence secondaire. (Merci Marie Claude). J’ai vécu dans une caravane qui m’avait été offerte, dans une tour de 9m2, dans une pièce insalubre où la couleur dominante était le noir, et le royaume des araignées ; l’eau courante est arrivée à mon étage le 22 Décembre 2018 si mes souvenirs sont bons, un seul robinet mais quelle joie ce fut !
Vous avez vu de beaux meubles et de beaux objets lors du reportage, sachez qu’environs 75% de ce mobilier m’a été offert, par des amis, des visiteurs, ma famille et aujourd’hui, suite au reportage, je reçois des dizaines de propositions de dons de meubles.
J’ai organisé des stages pour la réalisation de certains corps d’enduit avec l’association des Maisons Paysannes de France, aucun enduit de finition n’a été organisé avec eux, ils sont bien trop difficiles à faire, je les ai tous fait moi même (je le précise en réponse à un commentaire sur youtube); des stages d’initiation à la pierre sèche ont aussi été organisés avec les MPF.
Des aides, bien évidemment que j’en ai eu et que j’en ai encore ponctuellement, il est impossible de faire ça entièrement SEUL, or, aussi précieuses et indispensables soient elles, il y a bien 365 jours dans l’année durant lesquels j’ai travaillé sans relâche administrativement et physiquement du matin jusqu’au soir tardivement. Tous les mois, pour des centaines de fidèles qui me suivaient, j’ai publié une newsletter et alimenté régulièrement le blog d’articles pour le suivi de tous les travaux, mettant en avant les bénévoles et les artisans.
Je n’ai fait appel à aucun banquier ; j’ai eu des moments extrêmement difficiles à cause de cette course après l’argent, quête incessante, stressante et éreintante.
La vente de notre maison de famille à Mazan dans le Vaucluse a été une bouffée d’oxygène…
Je rassure ceux qui pensent que les joints que je fais devant la caméra ne vont pas tenir, après avoir été filmée, je les ai bien serrés, pas de souci et j’avais bien arrosé avant, mais les spécialistes savent qu’il faut attendre que l’eau perde sa brillance sur les pierres pour commencer son travail sinon la chaux ne tient pas, surtout quand il s’agit de pierre froide. Du haut de mes 65 ans eh bien OUI je porte toujours des sacs de chaux de 25 kilos et NON, je n’oublie pas tous ceux qui m’ont aidée, que ce soient les Associations de sauvegarde du Patrimoine, les Institutions, les « bénévoles » que je préfère appeler les « Amis du Château », les artisans, les Ingénieurs de la DRAC qui ont suivi le chantier, (il n’y a pas eu d’architecte du patrimoine, j’ai été à la fois Maître d’œuvre et Maître d’ouvrage et ce en lien étroit avec l’ingénieur de la Drac), les visiteurs qu’ils soient curistes ou touristes, et enfin mes Amis parmi lesquels les anciennes coéquipières de mon équipe de Hand-Ball. NON, jusqu’à mon dernier souffle je ne les oublierai pas, JAMAIS, et je profite de ce message pour leur adresser encore tous mes remerciements. ; Merci Nathalie, David, Shaun, Jean Louis, Philippe, Bruno… impossible de tous les citer tant ils sont nombreux.
J’ai vraiment œuvré pour sauver un joyau du Patrimoine Ardéchois dont la toiture menaçait de s’effondrer, je n’ai pas agi pour améliorer ma fortune personnelle. Aujourd’hui il me reste à terminer les travaux des annexes, aucune aide financière pour cela, donc je fais tout moi-même et c’est long. Maintenant, iI va falloir que j’assume cette demeure, taxe foncière, assurance, chauffage etc. Si je n’y arrive pas eh bien je m’inclinerai et chercherai une autre demeure historique à sauver, en attendant, mon expérience acquise ces 15 dernières années me permet d’aider gracieusement Dominique du château de Vaussèche à Vernoux en Vivarais ; j’espère pouvoir lui éviter toutes les difficultés qui se présentent sur ce parcours semé d’embuches, lui donner les meilleurs conseils et lui présenter des artisans très compétents.
Plusieurs personnes nous ont proposé de devenir « bénévoles », je les prie de bien vouloir me contacter par la messagerie du site du château et je les en remercie par avance.
Concluons : RIEN n’est impossible à celui qui a la santé et la volonté !
Un GRAND MERCI à FranceTV, à la Production et à Caroline CONTE, la réalisatrice, pour avoir mis en lumière l’histoire du Château de Hautsegur ; une pensée émue pour tous les bâtisseurs, depuis la première pierre posée et pour tous ceux qui l’ont fait vivre.
Heureux de vous revoir grâce à l’émission (nous sommes venus avec l’A V A M de Marsillargues )BONNE ANNEE à vous
Bravo Patricia
C’est magnifique
Chapeau madame! Si je résidais en France je me porterais volontaire sans hésiter !
L’histoire se raconte aussi par les pierres qu’elle a dressées, et
Par la volonté,
Le courage immense, et
la générosité de ceux
ou de celles
qui ont donnes une partie de leur vie
pour rendre a cette construction sublime son ame d’antan
Merci a vous..
Bonjour patricia. Ce n’est qu’aujourd’hui que je découvre ce que vous avez entrepris et j’avoue être baba surtout après avoir lu votre réponse aux innombrables mails reçu. J’espère avoir un jour l’occasion de vous rencontrer sur le site. Vous êtes vraiment un exemple pour tous. Avec mon admiration. Gérard troyes
Patricia, que de joie que de voir le reportage de ce beau château que j’ai visité en 2018! . Que de travail effectué depuis! Félicitations!
Au plaisir de le revisiter, la prochaine fois que je serai en Ardèche